Ce que j'ai pensé de

Ce que j'ai pensé de
Des bouquins, et pas de place pour les ranger

lundi 2 juin 2014

Le Bruit des silences, de Valérie Gans, le Livre de Poche

Aidez-moi. Venez me chercher. Je suis bloqué dans Le Bruit des silences, de Valérie Gans. Je me suis engagé dans le cadre du Prix des lecteurs du Livre de Poche à lire l'intégralité des romans de la sélection. Je me sens pris en otage. On ne m'avait pas dit, quand je me suis engagé, qu'il me faudrait lire autre chose que de la littérature. 

Le bruit des silences, déjà. Mon fils de six ans trouve des oxymores plus originaux. 

Et des dialogues sur des pages et des pages. Leur structure est tellement scolaire que j'ai cru retrouver le club des cinq. Une phrase de dialogue, suivie d'un verbe puis d'un participe présent censé nous rendre la scène vivante. S'il y a la place pour un adverbe, Valérie Gans ne se prive pas. 

Je n'en peux plus, proféra le chroniqueur en se tailladant rageusement les veines. 

Il faut me sortir de là car plus je tourne les pages, plus elles me froissent les yeux. 

Lorraine est fleuriste. Cyrille est chercheur. Chercheur en pilule pour faire rajeunir les femmes. Cyrille était l'amoureux de Lorraine à l'époque où personne n'a besoin de pilule pour sembler jeune. Ils se recroisent, je te plais, tu me plais, mais les hommes sont tous des lâches, des indécis, des infidèles.Valérie Gans a sans doute des comptes à régler. Il faut lui rendre justice, les personnages féminins sont aussi des têtes à claques. 

Le problème n'est pas qu'on ne croie pas à l'histoire, on y croit mais on s'en fiche complètement. La banalité de ce qui se passe confine à la vulgarité pure et simple. Valérie Gans appelle ses héros par leur surnom. Lou est la fille de Lolo qui sort avec Cy, qui croise Doudou et Bast. 

C'est pire que du soap opera, pire qu'une telenovela brésilienne mal doublée. Le problème c'est qu'à force d'avoir regardé Santa Barbara les gens appellent leur fils Kevin et parlent vraiment comme ça. D'ailleurs, le seul personnage à peu près sympathique, c'est la grand-mère : parce qu'elle est muette. C'est aussi la seule qui n'attend pas de SMS. 

Je ne sais pas si le portable nous rend malade, mais je sais que Facebook nous rend débiles. Tout le roman est une succession de statuts, de mise à jour de profil. Relation ? séparé, c'est compliqué, en couple, c'est compliqué, séparé. Évolution des personnages ? Zéro. 

Les décors défilent, les sentiments connaissent de brusques revirements, sans logique apparente, sans raisons profondes, sans nécessité, les grandes idées sur la filiation font de petites apparitions pour préparer des coups de théâtre grotesques. 

La réalité ressemble sans doute à ce que décrit Valérie Gans, dans le Bruit des silences, disponible au livre de Poche, mais à ce compte là, la réalité, je préfère la fuir, je préfère la nier, je préfère encore, et de loin, rester prisonnier de  la littérature. 


La chronique audio, disponible ici, est encore plus méchante,  puisque j'ai fait lire à une synthèse vocale (pour qu'on ne m'accuse pas de forcer le trait par le ton de ma voix.  

TL ; DR : Mieux vaut deux heures de silence que de lire ce livre de Valérie Gans. 

2 commentaires:

  1. Amusante cette critique qui porte semble-t-il sur un livre à ne pas lire, ni pour le fond, ni pour la forme... du coup la critique, certes méchante, l'honore... mais attention Monsieur le méchant chroniqueur... on s'oublie... "on aurait aimé, enfin, j'aurais aimé" que vous ne vous oubliassiez point, c'est déjà la deuxième fois en quelques semaines... soyez vigilant à l'avenir ! Et toc voici une méchante critique de cette méchante critique !

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  2. Merci, Ô, gardien du temple. On aurait aimé, enfin, j'aurais aimé, que le livre de Valérie Gans ne fût jamais publié... Mais c'était un peu hardcore dans la chronique.

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