Ce que j'ai pensé de

Ce que j'ai pensé de
Des bouquins, et pas de place pour les ranger

lundi 22 septembre 2014

Denis Grozdanovitch, Petit éloge du temps comme il va.

Lorsque j'ai reçu ce Petit éloge du temps comme il va, de Denis Grozdanovitch, dans la collection Folio 2 €, je n’ai pas pu m'empêcher de penser qu'on publiait trop de livres et trop peu de littérature. Puis, je me suis demandé si la littérature de commande pouvait faire de la bonne littérature. Les premières pages ne m'ont pas rassuré. Denis Grozdanovitch ouvre sur un faux suspens : pourquoi en français utilise-t-on le même mot pour le temps qui passe et pour le temps qu'il fait ? Comme s'il y avait un mystère à ce que le temps qui passe soit rythmé par les saisons, l'alternance de jour et de nuit, de soleil et de pluie. Par le temps qu'il fait. Quelques souvenirs trop respectueux du sujet renforcent l'impression de lire un bon élève, un très bon élève, de ceux qui aiment les adverbes ronflants, les citations, de ceux que rassurent l'érudition à bon compte. On n'aurait pas aimé, enfin, je n'aurais pas aimé que le livre ne fût que cela. Alors quand Grozdanovitch se perd, quand on sent qu'il sort du chemin qu'il s'était trop bien tracé, c'est avec plaisir qu'on le suit ; détours heureux et fortuits. 

On apprend la bonne façon d'être mauvais joueur, la mauvaise façon de prendre les bonnes drogues, on passe des tours de Manhattan aux plages de l'île d'Ouessant. 

Parfois Grozdanovitch la provoque, cette suspension du temps dont il parle, et les proximités qu'il revendique avec Proust, avec Tarkhovski apparaissent naturellement, évidentes. D'autres fois, il enfonce des portes ouvertes et habille le vent de concepts philosophiques confidentiels, comme la Persuasion de Carlo Michelstaedter, ou inversement de lieux communs illustrés par l'insupportable Alice de Lewis Caroll. Mais ce n'est pas grave, c'est juste une promenade, des Ardennes au musée de la Piscine, à Roubaix, du Pont des arts aux rives de la Tamise, du Mistral à la neige soyeuse, de la pluie, souvent, aux jeux de la lumière à la surface de l'Yonne. Cette petite détente à la Felix Leclerc, cette respiration, c'est un nécessaire rappel de la façon dont on a su, enfant, déchiffrer les nuages, parce qu'à force de compter les saisons, celles qui nous restent sont peut-être déjà plus rares que celles qu'on a laissées derrière soi, et il nous faut alors cette légèreté, pour faire, comme Denis Grosdanovitch dans cette collection Folio 2 €, un Petit éloge du temps comme il va. 

Petit éloge du temps comme il va, de Denis Grozdanovitch, Folio, 2,00 €.

LA version audio est ici, c'est même celui qui l'héberge qui m'a fait remarqué que j'avais oublié de la mettre !

TL ; DR : Un éloge parfois un peu trop sage du temps comme il va, léger, mais d'une légèreté salutaire. 

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