Ce que j'ai pensé de

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Des bouquins, et pas de place pour les ranger

lundi 26 janvier 2015

Gagnez La garçonnière d'Hélène Gremillon, en livre Audio chez Gallimard !

La garçonnière d'Hélène Gremillon est disponible en livre audio dans la collection Écoutez Lire, chez Gallimard. 


On distingue toujours, dans un roman, le fond et la forme, et dans le livre audio, il y a deux formes. Le style, les mots, mais encore la lecture à haute voix, qui court-circuite la vue et notre propre voix intérieure. Faut-il un comédien unique, ou, comme dans le cas présent,  plusieurs personnalités sonores ? La garçonnière se prête à cette succession de comédiens car on y découvre un à un les possibles suspects d'un meurtre. Lisandra Puig, la femme du psychanalyste argentin Vittorio Puig est retrouvée morte, défenestrée. Son mari est arrêté, et sa plus fidèle patiente, Eva Maria, va tenter de le disculper en cherchant le véritable coupable. 


Hélène Grémillon nous entraîne du parloir, où l'analyste et sa patiente élaborent leur stratégie d'enquête, aux salles de tango ou parfois de torture. Le portrait d'une Argentine qui tente de se remettre de la dictature passe par les portraits de ceux qui l'ont subie, de ceux qui l'ont soutenue. Mais une galerie de portraits ne fait pas un roman. On aurait aimé, enfin, j'aurais aimé, qu'Hélène Grémillon s'attache plus à l'histoire qu'à l'intrigue. Après trois ou quatre suspects potentiels, l'intérêt qu'on a pour la résolution du meurtre s'émousse. La régularité des rebondissements nous frustre car elle se fait aux dépends des rapports entre les personnages. On finit même par se demander pourquoi Hélène Grémillon se sert du prétexte policier au lieu d'écrire le vrai livre sensible sur les mères de la place de mai ou sur la difficulté d'une société à se réconcilier avec elle-même. La douleur d'Eva Maria à qui la dictature a volé sa fille, celle qui lui fait négliger le fils qui lui reste, l'histoire de ce musicien que la junte a brisé, et qui sait reconnaître ses bourreaux au simple son de leur voix, Hélène Grémillon nous donne envie de les connaître autrement que comme les fausses pistes d'une enquête qui n'en finit plus. 

L'empathie qu'elle a pour ses personnages permet d'éviter que l'agacement prenne le dessus, et la qualité de l'interprétation des comédiens, notamment Elsa Le Poivre et Thierry Frémont prolonge le plaisir de l'écoute, mais on n'est plus impliqué dans la recherche du coupable. On repère la fausse piste qui mènera bien plus tard à la résolution finale, Deus ex machina à la fois prévisible et invraisemblable. Ceux qui aiment les coups de théâtre apprécieront la mécanique, mais les autres trouveront peut-être que la volonté d'intelligence qui remplace la sensibilité du début du livre n'a pas tout à fait les moyens de ses ambitions.  Pour ma part, il m'a semblé un peu léger, presque inconvenant d'invoquer dans le dernier chapitre un sujet si lourd pour justifier les rouages qui mènent à la défenestration. 

On devrait donc rester sur une impression décevante, mais on finit La garçonnière avec la sensation pas désagréable d'avoir regardé un policier du dimanche soir. Certes, l'écriture, les personnages, auraient mérité le courage d'un livre plus risqué, c'est à dire plus sensible sur l'Argentine, mais on a passé à l'écoute du roman d'Hélène Grémillon, un agréable moment, et pour ma part, un agréable trajet, puisque la collection Écoutez lire, de Gallimard  permet de transformer les heures perdues de la route en d'agréables promenades auditives. 

La chronique audio est ici. 

Vous me trouvez un peu critique sur le livre ? Faites-vous votre avis : le livre audio de la Garçonnière est à gagner sur mon blog grâce à la générosité de Gallimard. Laissez un commentaire, et j'effectuerai un tirage au sort pour vous envoyer le livre audio. 


3 commentaires:

  1. Moi, si je gagne un livre audio sur un blog, je ne m'amuserais pas à l'écouter en voiture parce que mon cerveau de faible capacité ne me permet pas d'être à la fois au four et à l'abattoir. Je l'écouterais dans un avion peut-être, ou dans un parc, quand il fera beau.

    SR

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  2. Bon, déjà, comme au dernier concours que j'ai fait il a fallu que je fasse un chèque à ma mère pour qu'elle laisse un commentaire et que mon concours ressemble pas à la gare de Brive à 2h du matin, toi, déjà, t'as gagné un audiobook. Et tu l'écouteras peut-être quand même en voiture, puisque tu te fais conduire par ton chauffeur.

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  3. J'ai découvert les audiobooks en 1961. J'habitais alors au Canada, un pays frontalier de l'Argentine, limité par lui sur sa portion sud-ouest, et qu'on doit remonter le long de la Laita river, pour atteindre la mer. J'écoutais ces audiobooks en traversant la garrigue canadienne blanchie par la poudre, mon IPOD branché sur la prise RCA de ma motoneige. Si je gagnais un audiobook, je rebrancherais mon walkman Sony sport, je le copierais sur une cassette, grâce à ma chaine hifi speed dubbing autoreverse et je l'emmènerais avec moi sur la station Mir, où 6 mois par ans, je donne des cours d'alphabétisation à des enfants d'astronautes hébergés illégalement sur la station. Je le garderais bien au chaud et lors de mon retour sur terre, je ferais escale à 40 km du sol, sortirais de la navette, me laisserais tomber comme le Baumgartner moyen et le découvrirais en lecture accélérée, pendant les 270 secondes de vol, avant que ne s'ouvre le parachute.
    G. Ab

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