Ce que j'ai pensé de

Ce que j'ai pensé de
Des bouquins, et pas de place pour les ranger

lundi 30 novembre 2015

NaNoWrimo ! Fuck Yeah !

Fuck Yeah, it's over !











- Putain, c'est fini !
- Quoi ?
- Le NaNoWriMo pardi ! 
- Le quoi ?
- NaNoWriMo, le National Novel Writing Month !
- Hein ?
- Ben ouais, en novembre, on écrit un roman de 50 000 mots, tu savais pas ?

Oh pinaise, Marge, c'est enfin fini ! Je ne sais toujours pas trop quoi en penser. Je viens de finir, là, à l'instant. Cinquante mille mots, en un mois. Mille six cents mots par jour, grosso modo. Mille six cent soixante six et soixante six virgule six six six... centièmes de mots chaque jour. Soit beaucoup plus les jours où on peut écrire. Parce qu'il y a toujours les jours où on ne peut pas. Travail, fatigue, parti. 

Et pourtant, mon entourage a été si compréhensif. Au jour le jour, personne ne m'a laissé autant de temps pour écrire que ma copine. Peut-être parce que j'en ai plus ! Mon fils, aussi, au quotidien, qui en rentrant de l'école a bien voulu ne pas me déranger pendant que j'écrivais. Peut-être parce que je n'ai la chance de l'avoir près de moi que pendant les week-ends. 


Alors je devrais remercier mon patron, mais je crois que s'il avait su pourquoi j'étais parfois crevé au point de chialer dans mon bureau, il n'aurait pas sponsorisé le NaNoWriMo avec un tel enthousiasme. 


Chialer ? 

Physiquement, à cause du manque de sommeil, ça n'a pas été facile. Psychologiquement, arrêter les chroniques pendant un mois, avoir le sentiment très fort d'écrire de la merde pendant un mois… 

- De la merde ?  Tu n'en rajoutes pas dans la fausse modestie ? Laisse tomber, ça ne te va pas.

Sauf que si. Parce que j'avais décidé de ne pas boucler le roman sur lequel je travaille depuis deux ans. Simplement parce que ce n'est pas la règle du jeu. Il s'agit d'écrire un premier jet en un mois. Éventuellement à partir d'un plan, d'un travail préliminaire, mais pas d'un truc à moitié écrit. 
Et puis aussi parce que pour la première fois j'ai écrit en anglais. 
- En anglais ? T'es masochiste ou mégalomane ?
- Les deux Mon Capitaine.

Les stats d'écriture : en dessous de la courbe jusqu'au dernier jour. Procrastinateur for ever. 
En fait, au départ, comme c'est un événement américain, je croyais que c'était nécessairement en anglais. En fait, le site n'enregistre même pas le texte, ne le stocke pas. Tout ce qu'il fait, c'est compter les mots. À tel point que pour les alphabets non latins, il recommande aux participant de générer un texte aléatoire comportant le même nombre de mots que leur roman. 
Et finalement, je ne regrette pas. J'ai intégré cette contrainte à l'histoire, si bien que ce brouillon de livre s'appelle : Broken english, the day I ruined the world. 

Il y est question de statistiques, de Russie, de cerveau, d'amour et de famille. Mais vous devez me croire sur parole car le plus probable, c'est que personne ne le lira jamais !

Alors bien-sûr, on amie éditrice me dit : autant de temps de perdu pour les vrais livres, et le blog me dit : pas de chronique pendant un mois, moins de lecteurs fidèles pendant un an. Mais un sportif s'entraîne, un musicien fait ses gammes, et j'ai énormément appris. Sur ce qu'il est possible de faire, sur les idées que je vais pouvoir réutiliser. Sur les astuces pour délayer un peu pour atteindre le nombre de mots, et dont je vais devoir me défaire vu que cette chronique est déjà trop longue. 

Fuck yeah, I NaNoWriMoed ! 


lundi 9 novembre 2015

Soumission, Michel Houellebecq

On a beaucoup parlé de Soumission, de Michel Houellebecq. Et on parle trop peu des livre audio, notamment de la collection Ecoutez Lire, chez Gallimard, dans laquelle j'ai écouté Soumission. 

En 2022, la Fraternité Musulmane arrive à la tête de l'état français, plus ou moins démocratiquement, et installe un régime islamiste modéré. François, le narrateur, est d'abord chassé de la Sorbonne, où il était professeur de lettres, spécialiste de Huysmans, avant de se rapprocher doucement du pouvoir, et, on peut l'évoquer sans rompre un suspens absent de tout le livre, de s'y soumettre. 

On a beaucoup parlé de Soumission, et pour de mauvaises raisons. Certains y ont vu un pamphlet islamophobe et une peinture un peu trop douce des identitaires français. D'autres y ont vu le ralliement de Houellebecq à un modèle de société patriarcal misogyne (rien de neuf). Les événements de Charlie Hebdo ont apporté une pesanteur, une gravité à la sortie du livre, encore exacerbée par le fait que Bernard Maris avait été le premier à prendre Houellebecq bien trop au sérieux, en lui consacrant un livre « Houellebcq économiste ». 
Soumission révèle plutôt un désespoir absolu. Houellebecq est perpétuellement dans la fausse ironie, le 1,5 ème degré. Oui, sa satire de l'universitaire pleutre et veule fait sourire, mais François ressemble un peu trop à Michel. Et se moquer de soi-même est, dans notre société de blasés cyniques, le meilleur moyen de ne pas changer de comportement tout en ayant l'air cool. 
Non, ce qui me semble intéressant, en filigrane, c'est la morale invisible du livre, qui fait écho à la trajectoire de Houellebecq. La morale c'est : si vous traitez des gens suffisamment mal, ils finiront par se trouver quelqu'un qui les traite à peine moins mal et qui pourra les dresser contre vous. Les musulmans passent de dominés à dominants. Et on ne peut s'empêcher de se demander si Houellebecq ne parle pas de lui. Il en a bavé, il a eu son lot de solitude, de rejets, de souffrance, il a eu son lot de boulot de merde, il a mérité sons succès par une constance, une présence. Mais maintenant, il a passé la barre, et il nous emmerde tous. Il ne prend pas la peine de mettre les formes, de faire semblant : Houellebecq n'aime pas grand-monde. On l'aurait aimé, enfin, je l'aurais aimé si j'avais pu trouver dans ce roman sombre et sans grand relief littéraire, un personnage dont on ait envie de suivre l'exemple. 

Parce que ce qui manque à Soumission, c'est l'imagination que demande le positif. Le négatif, le glauque, le désespéré : c'est plus facile, il suffit de regarder. Mais les gens qui tiennent, les gens qui disent « je veux trouver des façons de faire mieux », il faut énormément de talent, d'imagination pour les peindre et éviter le ridicule. Du coup, Soumission n'est pas un livre ridicule. Bien-sûr, il y a de la paresse des héros qui se rencontrent comme par hasard quand ça arrange l'intrigue, bien-sûr, le personnage le plus attachant disparaît avant le premier tiers, mais Houellebecq sait que la meilleure façon de ne pas mal écrire, est de tenter le moins de choses possibles. Le cynisme protège du ridicule. Il protège l'égo névrotique de la mauvaise conscience des occidentaux malheureux. 

Ce qui manque à Soumission, comme à ses personnages, c'est un souffle, le même que celui qui manque  à notre société, une envie, un enthousiasme. Tout ça manque d'amour, bordel. Tentative de psychosocioanalyse sauvage : Houellebecq manque d'amour, passe son temps à le dire, et tout le monde applaudit, comme on applaudit les artistes alcooliques, drogués, parce que leur souffrance nous donne des livres qui nous sortent de notre quotidien sécurisé, et on ne leur tend pas la main,  on ne les aide pas à terrasser les démons qui les empêchent de sortir leur véritable chef-d'oeuvre. On ne déteste pas le lire, mais on est content de sortir de Soumission, disponible en livre audio, dans une très agréable lecture de Eric Caravaca, dans la collection Ecoutez Lire chez Gallimard. 

mercredi 4 novembre 2015

Nanowrimo


Mais qu'est ce qu'il fait ? se demande l'attachée de presse qui m'a envoyé soumission, de Michel Houellebecq, en livre audio. 


Mais qu'est ce qu'il fait, se demandent les gens des Poches sous les yeux, à qui j'ai piqué une étagère entière de livres à chroniquer, dont un petit recueil de nouvelles dans la collection du masque qui s'appelle les lumières de la ville ne s'éteignent jamais, de José Louis Bocquet. 
Mais qu'est ce qu'il fait, vous demandez-vous peut-être alors que vous attendez avec impatience de savoir s'il faut lire ou non les femmes du braconnier de Claude Pujade Renault, dans la magnifique édition Babel. 

Eh ben, j'ai lu tout ça, mais j'avions point l'temps, comme aurait dit ma grand-mère si elle n'avait pas été si distinguée (peu importe laquelle). 

J'avions point le temps parce qu'en plus de gagner ma croûte, j'ai décidé ce mois ci de participer au NaNoWriMo. Qu'est ce que c'étions que ce bordel, aurait pu demander mon fils s'il ne recevait pas une punition coroporelle à chaque faut de grammaire ? 


L'idée est décrire un livre de 50 000 mots en 30 jours. Bon, c'est pas vraiment à ma portée cette année, mais j'avais envie d'essayer, un peu comme on se lancerait dans un marathon trois jours après qu'on vous a retiré un plâtre (this one's for you, son). Et même un ultra trail, puisue la petite parenthèse en anglais était pour prévenir que les 6800 mots écrits en trois jours l'ont été en anglais. Bon, je ne ferai jamais lire le résultat à personne, que j'arrive à 50 000 mots ou pas, mais je sais que ça fera un bon entrainement, un gros défi, et une aventure rigolote. 

Il est encore temps de vous lancer, et même en français, car il y a des sous-régions. Trois jours de retard, ça se rattrape facile, vous êtes laaaarge.