Ce que j'ai pensé de

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Des bouquins, et pas de place pour les ranger

dimanche 13 novembre 2016

Shining, de Stephen King

On ne peut évoquer Shining, de Stephen King, disponible aux éditions du Livre de Poche, sans imaginer le visage de Jack Nicholson. Pourtant, dès qu'on ouvre les pages du livre on comprend que la patte de Kubrick, pour géniale qu'elle soit, n'a pas rendu l'ambiance exacte du roman originel Parce que l'auteur commence par créer une immense empathie pour chacun des personnages. Jack Torrance n'est pas simplement un professeur alcoolique expulsé de son université, c'est un écrivain qui se bat pour arriver à quelque chose, et ce poste de gardien d'hiver dans un grand hôtel coupé du monde par les neiges des sommets est sa dernière chance de recoller les morceaux, avec sa femme, son fils, avec la société toute entière.

Mais arrête ça, salopard de plumitif de mes deux, c'est de la mise en situation de série B.Stephen King, c'est bateau, toit même tu le sais.

Son fils, Danny Torrence, possède un don, le shining, qui lui permet de sentir ce qui se passe ailleurs dans le temps, ailleurs dans l'espace. Et ce qui fait qu'on accepte sans mal le dispositif fantastique de Stephen King, c'est que cet enfant est crédible, et donc attachant. Alors qu'il voit les catastrophe qui l'attendent à l'hôtel Overlook, c'est le divorce de ses parents qui le préoccupe, le manque d'amour.

Mais putain, un hôtel coupé du monde, un môme de cinq ans qui voit les fantômes, des meurtres, dans le passé, dans le futur, c'est de la merrrrde.

Il faut qu'il rencontre le cuisinier de l'hôtel, lui aussi capables de visions pour qu'il comprenne que son fardeau est aussi un don.

Un don mon cul, quand on a le shining on peut se faire attaquer par des buissons en forme d'animaux, c'est débile. Et après, tu vas nous parler de quoi ? la progression de la schizophrénie, des réalités parallèles, de la montée de la trouille ?

Jack Torrance saurait ce que vit son fils s'il ne prenait pas lui-même les manifestations de son don, moins marqué, pour les symptômes insupportables du sevrage alcoolique auquel il veut se tenir à tout prix. Pour son fils, auquel il a déjà fait du mal alors qu'il avait bu, pour sa femme, pour lui-même.

Mais de quoi elle se mêle, cette salope. Elle et le petit merdeux sont ils là pour nous apprendre à faire des chroniques ? C'est l'Overlook qui va s'emparer du lecteur avant que ce petit salopard de chroniqueur...


Les procédés de Stephen King, alternance des réalités, mises sous pression avec des sonneries d'horloge, des rêves récurrents, des doubles sens qu'on comprend deux-cents pages à l'avance sont aussi épais que les sourcils de Jack Nicholson, tant et si bien qu'on ressent moins de peur physique que dans l'adaptation cinématographique de Kubrick. Sans doute parce que la nature profonde de Stephen King est plus sympathique que celle de Kubrick. Mais l'attachement qu'on a pour Danny, pour sa mère, et même pour ce père tiraillé entre ses démons et ceux de l'hôtel pousse à tourner les pages. En ce sens Shining, de Stephen King, c'est de la saloperie, avec les coutures apparentes, c'est ça que tu veux lire, hein, c'est ça qui te plaît, te faire peur tout seul dans ton lit ? Shining, le roman mythique de Stephen King, tient ses promesses, c'est un livre de divertissement, qu'on prend plaisir à lire, ou à relire, même quarante ans plus tard, par exemple aux éditions du Livre de poche.




Merci à Joseph pour sa participation à la version audio de cette chronique, dont le traitement sonore autant que le fond assume la vulgarité de la littérature de genre. 

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